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Cohabiter les nuits urbaines.

Penser, sentir et narrer la vie nocturne.

 

Urban night-life.

To think, feel and narrate night-life.

Depuis quelques années, la qualité de la vie nocturne des métropoles européennes est devenue un enjeu politique. Les Etats généraux de la nuit de Paris (2010) et de Genève (2011) ont marqué un tournant dans la volonté de certaines municipalités de réguler les temporalités urbaines. Cette nouvelle manière d’appréhender la ville peut s’expliquer, entre autres, par l’évolution des modes de vie, la désynchronisation des temps sociaux entre-eux et avec les rythmes individuels, la perturbation du couple traditionnel travail/loisirs dans la réalisation de soi et la compétitivité entre gouverneurs pour l’image et l’attractivité urbaines. 

 

Ainsi, le découpage linéaire des activités (travail, loisirs, sommeil) articulé au cycle de vie (enfance, vie active, retraite), est en cours de bouleversement. Ces mutations amènent à une expansion des mobilités et à une diversification des pratiques du temps et de l’espace. Il en résulte de nouvelles attentes de la part des « sortants nocturnes » (en termes d’équipements et de services, d’animation, de sécurité ...) et des formes spécifiques de tensions et/ou solidarités par rapport à l’occupation de l’espace public.

On peut se demander en quoi l’émergence de l’urbanisme temporel a permis de concilier la diversité des usages et de mettre en adéquation les rythmes urbains collectifs. Comment le matériau lumineux et la mise en place d’événements urbains festifs permettent de créer des ambiances urbaines ? Comment intensifier la vie nocturne ? Comment maîtriser l’usage via un urbanisme des modes de vie ?, alors que le passager des nuits urbaines semble exclut du processus de décisions politiques, d’où la cristallisation de conflits sociaux. Ainsi, aménager les nuits urbaines ne semble pas aller de soi.

 

Quelles sont les manières, aujourd’hui, d’occuper l’espace urbain nocturne, dans les quartiers centraux comme dans les marges des grandes villes ? Que signifie cette conquête progressive de l’espace nocturne ? Peut-on parler d’une banalisation et massification de l’accès à ces nuits ? Comment permettre une vie/ville nocturne apaisée ? En quoi l'étude de la ville nocturne est susceptible de nous apporter des outils méthodologiques et des catégories d'analyse pertinentes pour mieux comprendre et gérer la ville diurne ?, sont autant de questionnements qui se posent.

 

Les communications pourront porter sur les axes de recherche suivant (non-exhaustifs) :

 

1/ La production institutionnelle des espaces urbains nocturnes :

Comment l’aménagement urbain peut être pensé pour une urbanité nocturne apaisée ? Il s’agira d’interroger la manière dont les politiques publiques conçoivent des espaces, des équipements collectifs et des services publics, plus adaptés à des formes d’urbanité diurnes que nocturnes. Ainsi, les initiatives institutionnelles prenant en compte cet espace-temps doivent être réinterrogées.

A une échelle micro-, on peut s’intéresser à la façon dont le traitement des « lieux urbains » (la création de zones piétonnes, leur mise en lumière...) et leur interconnexion crée ou dissuade certaines pratiques. L’enjeu sous-jacent est d’analyser les interactions entre les composantes du paysage urbain et les nouvelles formes d’occupation ; c’est-à-dire, les interactions entre les différents usagers et leur milieu. Les « prises » offertes et permises par le milieu, ou affordances, sont à interroger.

Mais, sont également à prendre en compte les questions du développement territorial face à de nouvelles formes de tourismes (city-break, easyjet-setting, ...) et de marketing urbain : la circulation des modèles pour promouvoir sa ville, sa vie nocturne, liés à l’économie formelle nocturne. Comment envisager une politique publique nocturne articulant des politiques sociales, de la jeunesse, de la culture, des transports, etc ?

 

2/ La production informelle des espaces urbains nocturnes :

Cet axe entend explorer le décalage entre un espace conçu par des acteurs spécifiques du monde politique et professionnel de l’urbanisme & les perceptions, le vécu et les usages que cet espace conçu suscite la nuit. On s’intéressera ici au potentiel de redéfinition du statut des espaces, de leur identification, et de leurs fonctions par les usages qui en sont fait.

Au niveau des interactions entre usagers, les questions du genre et de la sexualité font partie des dimensions essentielles à considérer. L’usage non convenu ou détourné de l’espace public par différentes formes de sexualité (prostitution, lieux de drague homosexuels, etc) ou l’inégalité genrée de l’accès à la rue (injures subies par les femmes, agressions, etc) sont ainsi des entrées envisageables. D’autre part, les usagers « fêtards » ainsi que les sans-abris, vendeurs à la sauvette, manifestent d’autres modes d’appropriation, via des stratégies et des tactiques individuelles ou collectives. Par exemple, l’occupation de portions de voirie, dans les interstices de la ville, à des fins festives ou encore pour le commerce informel, viennent brouiller les frontières entre le privé et le public. En ce sens, il peut être intéressant d’interroger ces manières d’habiter les nuits urbaines dans une perspective diachronique pour mieux en cerner les spécificités.

Il convient donc de questionner la manière dont ces corps s’approprient l’espace nocturne, y exercent une activité, un pouvoir. L’expression des marginalités et les situations d’inclusion ou d’exclusion permises par l’expérience nocturne des usagers doivent être analysées et réinterrogées.

 

3/ Les négociations entre régulations institutionnelles et régulations pratiques de nuit :

Historiquement, le sentiment d’insécurité associé aux heures noires fait rarement bon ménage avec la liberté de circulation dans la rue. Cependant, il convient d’amorcer une réflexivité critique sur les dispositifs techniques – défendus par des collectifs citoyens - censés rendre l’espace public plus hospitalier et plus secure. Cela permettra de revenir sur la construction des mythes, du folklore et des récits populaires portant sur la nuit et ses adorateurs, sur sa condamnation morale ou son exaltation. Il pourrait être alors intéressant d’analyser les représentations des nuits urbaines au cinéma, dans la littérature et les arts.

Ainsi, les nuits urbaines devraient interpeler de plus en plus de chercheurs pour tenter de rendre plus habitable la ville de nuit. Certains chercheurs se demandent comment s’opère la régulation spatiale des activités nocturnes du point de vue des pouvoirs publics, autant que d’un point de vue plus informel et notamment sous le spectre des économies (drogue, commerce ambulant, ...). Partant de représentations diversifiées sur la nuit, ils étudient également l’émergence, l’affirmation et la résistance de pratiques autour de lieux où se jouent des conflits d’usage révélateurs de manières de gouverner spécifiques. Il s’agit donc d’interroger la nuit en tant qu’espace de production de normes juridiques mais aussi en tant qu’espace de production de normes pratiques, de règles de conduites qu’il convient de suivre au sein d’un groupe social. La nuit serait un espace-temps où les normes se (dé)consolident, se croisent et se négocient déjà dans les discours des citadins, différents en fonction des contextes urbains. Il faut s’interroger sur le partage des territoires à l’échelle des quartiers comme de la ville et identifier les contradictions, les points de discorde et d’entente entre citadins et acteurs du gouvernement urbain.

Or, le contrôle institutionnel de ces territoires ne s’affirme pas partout, pour tous et en tout temps. Il interroge en retour la capacité des usagers à produire la nuit au travers de trajectoires urbaines multiples, parfois transgressives, creusant ainsi la question des informalités et de la gestion des illégalismes. Les enjeux nocturnes étant émergeant au niveau des autorités publiques, ils ne sont pas clairement institutionnalisés. Il serait pertinent de comprendre comment émergent des régulations juridiques, institutionnelles, à partir de régulations pratiques, de stratégies citoyennes. La normalisation des espaces urbains nocturnes peut-elle concilier les trajectoires de chacun et conjuguer le vivre ensemble ?

 

Nous accorderons une attention particulière aux communications proposant :

  • un bilan critique des données et méthodes existantes pour approcher la question des nuits urbaines

  • une perspective différentialiste dans une agglomération urbaine, entre agglomérations, régions urbaines de diverses aires culturelles, etc ; ainsi qu’avec des espaces peu étudiés (périphérie des agglomérations, zones d’activité, etc)

  • les approches interdisciplinaires et la manière de gérer cette interdisciplinarité.

 

 

2) Les propositions :

 

Tout le processus de soumission et de communication avec les auteurs sera exclusivement électronique via l’adresse e-mail : colloque.nuitsurbaines@gmail.com

 

2.1. Soumission

Les propositions de communication devront être déposées en PDF sous forme d'un résumé anonyme de 3 000 à 5 000 signes (espaces compris), précisant :

  • dans quel(s) axe(s) de l'appel s'inscrit la proposition (voire création d’un nouvel axe)

  • le titre provisoire

  • dans quel champ de connaissances existantes la proposition affirme apporter du nouveau ?

  • quelle est la question scientifique spécifique qui sera discutée dans la communication ?

  • à partir de quel contexte et de quelles données factuelles se construit la démonstration ou l'argumentation ?

  • quelles sont les principales conclusions de la communication ?

 

Les propositions peuvent être soumises dans les langues suivantes : Anglais ; Espagnol ; Français.

 

2.2. Évaluation et sélection

Les propositions seront soumises pour avis indépendant à un minimum de deux évaluateurs membres du comité scientifique (une expertise extérieure pourra être demandée lorsque la spécialisation d'une proposition l'exige).

A partir de la pré-sélection des propositions de la meilleure qualité par le comité scientifique, le comité d'organisation opérera la sélection finale en composant le programme des sessions et en veillant à ce que les auteurs retenus représentent une diversité de postures scientifiques, d'origines géographiques, de générations et de sexes.

 

 

3) Les journées d’études :

 

Ces journées d’études seront l’occasion d’activités parallèles :

  • présentation de l’étude RFT issue d’un groupe transversal du Labex Futurs Urbains (Mobilités Urbaines Pédestres)

  • table ronde avec des acteurs opérationnels, citoyens et/ou politiques

  • marche exploratoire dans Paris intra-muros et/ou en zone périurbaine.La durée totale prévisionnelle est de deux jours. Pour promouvoir une éthique où l'écoute (listening) est aussi importante que la parole (speaking), nous demandons aux potentiels intervenants de prévoir d'être présents et de participer à toutes les sessions des journées d’études.

 

 

 

4) Prise en charge financière pour tous les auteurs de communications retenues :

 

  • pas de frais d'inscription

  • petits déjeuners des deux journées d’études

  • 2 repas du midi

     

Veuillez noter que l’hébergement et les frais de déplacement entre Paris et la ville d’origine, ainsi que le reste des frais de séjour, sont à la charge des intervenants.

 

 

5) Publication :

 

A la sortie des journées d’études, sera constitué un comité éditorial pour la possible réalisation d’un ouvrage collectif français/anglais à partir des communications présentées. Ce comité proposera aux auteurs des modifications de leur communication pour élaborer un ouvrage de la plus grande qualité possible.

De même, il est envisagé de poursuivre les collaborations sous d’autres formes, en essayant de créer des liens entre chercheurs et opérationnels intéressés par ces questions à l’international. 

The quality of nightlife in European cities has become a real political challenge in recent years. The turning point in the decision of regulating urban temporalities was The General States of the Night in Paris (2010) and in Geneva (2011). New lifestyles, the desynchronisation of social time with individual rhythms, the disruption of traditional couple work / leisure in self-realization and competitiveness between governors about urban marketing, explain this new point of view about urban life.

 

Thus, the linear breakdown of activities (work, leisure, sleep) and its articulation within the life cycle (childhood, working life and retirement), has been overturned. These mutations lead to an expansion of mobility and a diversification of time and space practices, resulting in new expectations from "night-owls" (in terms of equipment and services, animation, security...) and specific forms of tension and/or solidarity linked to the occupation of public space.

 

Time planning has emerged as a way to reconcile the diversity of uses and align collective urban rhythms. How do the luminous material and the implementation of urban festive events create urban environments? How could night-life be intensified? How are uses controlled by lifestyles planning? Nevertheless, the user and/or occupant of urban night-life seems excluded from political decision-making. Such, societal conflicts perpetuate. Make planning urban nights a non-self-evident process.

 

Nowadays, how is nocturnal urban space occupied in central areas of large cities, but also in fringes? What does this gradual conquest of urban night-life mean? How do we speak of everyday acceptance and massive expansion in access to these nights? How can nightlife be appeased? What could urban night-life teach us about how to manage and analyze urban daytime in a better way?

 

Papers may focus on the following areas of research (non- exhaustive):

 

1 / Institutional production of urban spaces at night:

How should urban planning be designed for peaceful night urbanity? We want to question how public policies design spaces, community facilities and public services suited to different forms of daytime sociability and not for night-time. Thus, institutional initiatives should be questioned.

At a micro- scale, we can focus on how treatment of "urban places" (creation of pedestrian areas,...) and their interconnection creates or discourages some practices. We have to question this phenomenon. The underlying issue is to analyze the interactions between the components of the urban landscape and new forms of occupation; i.e., the interactions between the (individual or collective) actor and its environment. The affordances permitted by the environment have to be questioned.

General issues are interesting to take into account, such as the issues of territorial development with new forms of tourism (city-break, easyjet-setting,...) or urban marketing: movement of patterns to promote their city, their nightlife, related to night formal economy. How should we consider a night-time public policy which articulates social policy, youth, cultural, transport policies?

 

2 / Informal production of urban spaces at night:

This axis explores the gap between a space designed by specific political actors and professional planning as well as the perceptions, and experiences, of this designed space at night. The potential to redefine the status of spaces, their new place names and their functions (through its uses) is the question.

Gender and sexuality are essential dimensions of interactions between actors. The unaccepted uses of public space by different forms of sexuality (prostitution, gay cruising areas, …) or access to the street by gender inequality (discrimination against women, insults, assaults, …) are possible inputs. Moreover, party-goers and homeless people, informal vendors,... are the sign of other modes of appropriation. For instance, the individual or collective occupation, in the interstices of the city, for festive or for informal trade, will blur the boundaries between private and public space. Question inhabiting urban night-life in a diachronic perspective may be interesting to better understand their specificities.

We have to question how these bodies claim ownership of nocturnal spaces, practice an activity, and express their power in those spaces. The expression of marginality and the inclusion or exclusion situations, permitted by night experiences, have to be analyzed and discussed.

 

3 / Negotiations between institutional regulations and practical standards:

Historically, the feeling of insecurity associated with the dark hours rarely fitted with the freedom of movement in the street. However, a critical reflexivity on these technical devices -defended by citizen groups- to develop a feeling of security and make public space the most hospitable possible should be initiated. The construction of myths, folklore and popular narratives about night-time and its lovers, about its moral condemnation or exaltation, is a real issue. The analysis of representations about urban night-life in cinema, art, literature is interesting.

Urban nights should challenge more and more researchers to make the night-life pleasant. Several researchers are wondering how spatial regulation of nocturnal activities is operated from the perspective of government, or from an informal perspective, especially in the economic spectrum (drug, itinerant trade, ...). With diverse representations about the night, they also study the emergence, affirmation and resistance of practices around places where conflicts of uses reveal specific modes of governing. We have to question night as an area of ​​production of legal norms, but also as an area of ​​production of practical standards, of rules of conduct to follow in a social group. Night would be a space-time where the norms (de)consolidate themselves, cross and negotiate themselves in the discourses of city dwellers, according to different urban contexts. We have to question how territories are shared at the scale of neighborhood and at the scale of cities and to identify contradictions and points of disagreement and agreement with stakeholders in the urban government.

However, the institutional control of these territories doesn’t exist everywhere, for everybody and at any time. The ability of users to experience the night across multiple urban trajectories, sometimes transgressive, is questioned, in order to look deeper in the question of informalities and management of illegalities. Nocturnal issues are new for public authorities, thus, they aren’t institutionalized. Can normalization of nocturnal urban spaces reconcile the trajectories of all city dwellers and combine good cohabitation?

 

The scientific committee will be interested in, but not limited to, the above list of questions and invites proposals that raise other issues as well. We will pay particular attention to communications proposing:

  • critical assessments of existing methods and data used to approach or measure urban night-life;

  • comparative perspectives, either inside an urban agglomeration, between several agglomerations, or between different cultural regions, …; studies concerning urban spaces that have been studied less than central, dense, old, well-equipped and frequented neighbourhoods

  • interdisciplinary approaches and how to manage these.

 

 

2) Proposals and communications:

 

Submission and communication instructions for authors will be found exclusively in the dedicated e-mail: colloque.nuitsurbaines@gmail.com

 

2.1. Abstract submission

Communication proposals will have to be submitted anonymously in PDF format, with an abstract of 3,000 to 5,000 characters (spaces included) specifying:

  • which question(s) of the call does the proposal respond to,

  • a provisional title,

  • the domain in which the proposal brings new knowledge,

  • what is the specific research question discussed in the communication,

  • the context and factual data that construct the argumentation

  • the principal conclusions of the communication.

Proposals can be submitted in the following languages: English – French – Spanish.

 

2.2. Evaluation and selection of proposals

The proposals will be submitted for peer-review by at least two members of the scientific committee (external expertise could be obtained should a specialised proposal requires it).

After the pre-selection of the highest quality proposals by the scientific committee, the organisers will compose the detailed programme of sessions and will decide on the final selection, ensuring that the selected authors represent a variety of scientific positions, geographical origins, generations and genders.

 

 

3) The workshop:

 

During these study days, several activities are planned:

  • presentation of the study RFT, by the authors and the research group of Labex Futurs Urbains (Urban Pedestrian Mobilities)

  • meeting with operational actors, city-dwellers and/or politicians (to be confirmed)

  • explore walking in Paris or in its fringes.

Total provisional duration of the workshop is two days. In order to promote an ethic where listening is deemed equally important to speaking, we would like to ask potential participants to plan being present and taking part in all sessions of the workshop.

 

 

4) Financial coverage for all authors of selected papers:

 

  • there are no registration fees;

  • breakfast for two days;

  • two lunchtime meals;

  •  

All travel expenses between Paris and city of origin, as well as all other accommodation fees, will be covered by the participants.

 

 

5) Publication:

 

Following the workshop, an editorial committee will be constituted to put together a collective publication based on presented communications. This committee will propose to authors potential modifications of their communication in order to elaborate a work of the highest quality, to be published.

 

Other kinds of collaboration are possible, creating links between researchers and operational actors interested by these questions.

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